Le salaire de 1 000 milliards de dollars d’Elon Musk : jeu de puissance ou promesse creuse ?

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Elon Musk a obtenu cette semaine son programme de compensation controversé de 1 000 milliards de dollars auprès des actionnaires de Tesla. Bien que les gros titres se concentrent naturellement sur l’ampleur astronomique des paiements, il s’agit bien plus que d’une simple question d’argent. Il s’agit d’un jeu de pouvoir qui souligne le contrôle profond d’Elon Musk sur Tesla et soulève des questions sur l’orientation future de l’entreprise.

Musk a menacé à plusieurs reprises de s’éloigner de Tesla à moins qu’il n’obtienne un contrôle total, suggérant même des scénarios impliquant des armées de robots pour justifier ses demandes. Les actionnaires, apparemment réticents à imaginer la vie sans Musk à la tête du géant des véhicules électriques, ont capitulé.

Ce gros paiement n’est pas un simple bonus ; il est structuré autour d’étapes ambitieuses liées aux performances opérationnelles, aux marges bénéficiaires et à la capitalisation boursière de Tesla. Atteindre ces objectifs débloquera des tranches d’options d’achat d’actions pour Musk, totalisant potentiellement des milliards supplémentaires à terme. La première étape ? Atteindre une capitalisation boursière de 2 000 milliards de dollars – un objectif actuellement lointain compte tenu de la valorisation actuelle de Tesla de 1 500 milliards de dollars.

La dynamique inhabituelle en jeu ici est que le cours de l’action de Tesla évolue souvent indépendamment des performances financières concrètes. Les actions de la société augmentent ou diminuent fréquemment en fonction des déclarations de Musk, même lorsque les résultats trimestriels sont décevants. Cette déconnexion troublante pousse les constructeurs automobiles traditionnels à lutter pour rivaliser sur un marché apparemment moins préoccupé par les fondamentaux et plus sensible aux caprices d’Elon Musk.

Mais qu’en est-il de la feuille de route actuelle des produits Tesla ? Le package de rémunération s’articule autour de certains objectifs spécifiques :

  • 20 millions de véhicules Tesla livrés chaque année
  • 10 millions d’abonnements Full Self-Driving actifs
  • 1 million de robots déployés
  • 1 million de robotaxis opérationnels

Le tout dans un délai de dix ans.

Ces objectifs sont pour le moins ambitieux et soulèvent des questions quant à leur faisabilité étant donné la capacité de production actuelle de Tesla et sa préparation technologique dans des domaines tels que la conduite autonome et la robotique.

L’assemblée des actionnaires a été bien plus qu’un simple tour de victoire pour Musk. Il a parsemé sa présentation de promesses et de prédictions : la production du Cybertruck débutera en avril prochain, une potentielle usine de fabrication de semi-conducteurs « gigantesque », et encore un autre retard pour le très attendu Roadster 2 (maintenant prévu pour un poisson d’avril 2026).

Cependant, le « Master Plan Partie 4 » tant vanté de Musk, qu’il a utilisé pour justifier ce programme de rémunération extraordinaire, reste vague sur les détails. Cela laisse les investisseurs et les observateurs du secteur avec plus de questions que de réponses : Tesla atteindra-t-elle réellement ces objectifs ambitieux ? Ou s’agit-il simplement d’un stratagème visant à gonfler davantage le cours des actions tout en consolidant le contrôle de Musk sur l’entreprise ?

La saison des introductions en bourse s’intensifie

Au milieu du tourbillon d’activités entourant la rémunération d’Elon Musk, un autre développement a attiré mon attention : l’introduction en bourse réussie de Beta Technologies. La startup de l’aviation électrique a réussi à lancer son offre malgré la fermeture actuelle du gouvernement grâce à l’assouplissement des règles de la SEC. Beta a levé 1 milliard de dollars pour une valorisation de 7,4 milliards de dollars – une réalisation remarquable dans ce marché turbulent.

Le cycle d’actualité a également vu Archer Aviation lever 650 millions de dollars grâce à une offre d’actions, en utilisant des fonds pour son acquisition stratégique de l’aéroport de Hawthorne – idéalement situé à proximité des installations de Tesla et SpaceX dans l’arrière-cour d’Elon Musk. Pendant ce temps, Rivian a créé une autre société (la deuxième cette année), Mind Robotics, s’ajoutant à la liste croissante de startups liées au fabricant de véhicules électriques.

Lucid navigue dans les remaniements exécutifs

Dans un autre registre, Lucid Motors continue de faire face à des turbulences au sein de sa direction. Alors qu’ils recherchent un PDG permanent, Lucid a vu des personnalités clés partir, notamment l’ingénieur en chef Eric Bach et le vice-président de la qualité Jeri Ford. Pendant ce temps, James Hawkins, vice-président de l’ingénierie, a également quitté l’entreprise. Le constructeur de véhicules électriques semble consolider son pouvoir au sein d’Emad Dlala, qui est nommé à la supervision de “l’ingénierie et du numérique”.

L’avenir se dévoile encore

Ces évolutions offrent un aperçu des changements dynamiques qui s’opèrent dans le secteur de la mobilité. Tandis que Musk fait la une des journaux avec son programme de rémunération démesuré, d’autres acteurs prennent des mesures stratégiques dans les domaines de l’aviation électrique, de la conduite autonome et des écosystèmes automobiles plus larges.